Chapitre 5
Les hommes de Monbars

Quelques flocons de neige tombent doucement sur la maison abandonnée de Monsieur Walker. Depuis des générations, cette maison mystérieuse a inspiré bien des légendes dans l'imaginaire des enfants de Sainte-Lucie-de-Bagot. En vérité, elle recèle vraiment un secret qui, une nouvelle fois, sera responsable d'événements fantastiques.

Monbars contourne la maison abandonnée. Son odorat le mène directement à une fenêtre condamnée par un solide mur de briques. Le Capitaine promène son nez à ras de chacune d'elles en reniflant constamment, pour s'arrêter finalement sur une fissure dans le mortier.

 

Vestiges d'une toile d'araignée, quelques fils souples frémissent sur le pourtour de cette petite fente, agités par l'air qui s'en échappe. Chose plutôt inusité puisqu'on imagine l'air froid s'engouffrer au-dedans et non de l'air chaud expulsé au-dehors. Un air très chaud qui fait fondre la neige autour de la fissure. Quelques centimètres plus bas, la neige fondue gèle de nouveau en une petite coulée de glace rivée aux briques.

Traînant le coffre de Monbars, Anne rejoint le Capitaine qui se redresse la mine satisfaite. Monbars a toujours avec lui sa canne à pommeau d'or. L'oreille appuyée contre le mur, il cogne du pommeau quelques coups sur la brique selon un code secret. Puis, il attend une réponse.Elle ne tarde pas à venir, et d'une manière qui surprend le stoïque Capitaine: sans préavis, un violent coup de bélier ébranle le mortier et fend les briques. Aussitôt après, un second coup plus sec encore fait éclater les briques et dégage la fenêtre condamnée. Finalement, un lourd madrier retombe sur le bas de la fenêtre.