Chapitre 8
L'armée fantôme

El Diablo et ses forbans progressent lentement en file indienne. Évelyne Monbars ouvre la marche sur la piste façonnée par le passage fréquent de boeufs sauvages. On lui permet l'usage d'une machette indispensable dans de tels sous-bois, véritable dédale végétal encore compliqué par les «Mogote» qu'on met des heures à contourner. Le caquetage incessant des oiseaux perchés dans les arbres les accompagne tandis que d'innombrables vautours planent en silence, venant parfois les survoler de tout près. Les forbans sont mécontents. D'abord aguichés par la perspective d'un trésor, ils ont eu tout le temps de réfléchir au cours de cette marche interminable. Le Père Lachaise talonne El Diablo et lui exprime son point de vue.

 

Le Père Lachaise
Nous voilà pareils à des crabes tournés sur le dos: nos jambes s'agitent et ne nous mènent nulle part!
 
El Diablo (sans conviction)
Évelyne n'a point dit que la route se ferait en un jour.
 
Le Père Lachaise
Y mettrions-nous cent jours, nous n'en serions pas moins trompés.

Les traits d'El Diablo se durcissent. Les paroles du prêtre ont porté.

El Diablo
Halte! Évelyne, reviens.