Aventurier Gallois, Sir Henry Morgan, a été l'un des flibustiers qui, avec l'appui tacite du Gouvernement anglais, s'attaqua à trafic maritime et aux colonies espagnoles. Les historiens anglophones disent de lui qu'il fut le plus grand. D’autres diront qu’en leur temps, l’Olonnais ou de Graaf étaient les plus grands. Enfin, peu importe. Quand même, Morgan eût sous ses ordres plusieurs des plus grands de son époque, (Roc Brasiliano, Laurent de Graaf, Michel le Basque et d'autres), et profita de leur expérience pour diriger des expéditions de grande envergure.


La première connait un étrange départ. Second du célèbre Mansfeld, Morgan voit le vieil amiral des flibustiers renoncer à l'expédition contre Curaçao financée par le gouverneur de Jamaïque. Morgan veut se rattraper en tentant un coup de main contre une ville fortifiée... mais son équipage refuse ce projet, préférant se diriger vers Puerto Principe, (aujourd'hui Camaguey, à Cuba). Cette ville se révèle peu riche. Morgan obtient quand même une rançon, dont 500 boeufs qu'il fait abattre et saler afin d'entreprendre une autre expédition.


En 1668, la même année que la prise de Puerto Principe, les flibustiers de Morgan attaquent Portobelo défendue par quatre forts. Le coup de main est audacieux. Il implique de s'infiltrer dans les forts espagnols de nuit. On se doute que Morgan a de bons guides. Probablement des flibustiers qui avaient connus la captivité à Portobelo avant de s'évader ou d'être échangés contre des prisonniers espagnols. Les flibustiers de Morgan disposent aussi de moyens efficaces pour soutirer des renseignements aux prisonniers qu'ils font: la terreur, la torture... ou offrir la liberté aux esclaves. Oexmelin écrit dans son bouquin que Morgan est un gentleman, un homme assez peu cruel comparé à d’autres flibustiers, parce qu’il se limitait à suspendre un prisonnier «par les parties» pour le faire parler. On voit que Morgan a beaucoup de retenue ! Et d’imagination comme pour l’assaut contre le dernier des forts de Portobelo où il fait amener les soeurs et les moines de la ville pour s’en faire des boucliers humains.


Morgan et ses capitaines saccagent en 1669 Maracaïbo, au Venezuela. Encore une fois, la ville n'est pas aussi riche qu'espérée. Elle ne s'est pas encore remise du pillage de l'Olonnais et les flibustiers de Morgan passent tout un mois à ratisser la jungle à la recherche de prisonniers à rançonner ou de cachettes dissimulant les richesses des habitants. Au moment de repartir, une mauvaise surprise attends les flibustiers : trois navires de guerre bloquent l'embouchure de la baie de Maracaïbo. C'est l'Armada de Barlovento équipée de navires trop gros pour entrer dans la baie, mais qui attendent patiemment à la sortie, les trois vaisseaux reliés entre eux par des chaînes pour décourager toute tentative de fuite.


Morgan a prévu le coup. Lui et ses capitaines font semblant d'attaquer. Ils vont droit sur les navires de guerre comme s'ils voulaient monter à l'abordage. Les officiers espagnols concluent que les flibustiers veulent se battre au sabre et, en gentilshommes, acceptent le défi. Sans tirer un seul coup de canon, ils attendent les flibustiers... Il se rendent compte que le premier navire qui fonce sur eux est un brûlot. Soit un navire chargé de goudron, de barils de poudre et de mannequins pour faire croire à un équipage nombreux. Les quelques flibustiers qui le manoeuvre allument la poudre et sautent par-dessus bord. Les espagnols aussi, et dans l'explosion qui suit leur navire amiral s'enflamme. Le second navire est capturé par les flibustiers. Le troisième va s'échouer sur la plage et l'équipage court se cacher à terre.

Quand même, la plus grande partie des espagnols ont le temps de se réfugier dans le fort qui bloque la sortie de la baie. Morgan reste bloqué. Toute la journée, les espagnols surveillent les canots qui partent des navires, chargés de flibustiers, emportant armes et munitions. Les espagnols se rendent à l'évidence: Morgan prépare une attaque par voie de terre, alors ils déplacent les canons qui pointaient vers la mer, les positionnant vers la terre. En fait, les chaloupes des flibustiers partent emplies d'hommes vociférant et surexcités... et reviennent aux navires avec les mêmes hommes sagement couchés au fond des chaloupes. Quand Morgan juge que les espagnols ont déplacés tous leurs canons du mauvais côté, il lève les voiles et sort de la baie sans autre problème.

Morgan s'empare aussi de Panama en 1671. Cette fois encore, la ville se révèle moins riche qu'espéré. Ce raid est marqué par une bataille rangée aux portes de la ville et suivi de brutalités et débauches parmi les plus grandes de l'histoire de la flibuste. Mais au retour, Morgan se fâche avec ses flibustiers déçu du butin trop maigre à leur goût. N'attendant pas que la grogne se transforme en règlement de compte, il met les voiles accompagné de ses plus fidèles capitaines. Plusieurs flibustiers diront alors qu'il s'enfuit avec la plus grande partie du butin. Une fois en Jamaïque, il est arrêté et dépêché en Angleterre pour y subir un procès. C'est que la paix est signée entre l'Espagne et l'Angleterre. Le raid contre Panama est très mal vu par le gouvernement anglais qui le fait arrêter. Transporté en Angleterre pour y être jugé, Morgan manoeuvre bien, et la guerre reprenant, il est plutôt accueilli en héros, anobli, et nommé lieutenant gouverneur de Jamaïque avec pour mission d'en chasser les pirates et flibustiers. Mais il va plutôt passer le reste de sa vie à fréquenter les tavernes et faire la fête.

À sa mort, le médecin de rédiger l'acte de décès inscrit qu'il est "mort d'avoir trop vécu" !

Nation d’origine

Pays de Galles, (Angleterre)


Repaire favori

Port-Royal, (Jamaïque)


Coup d’éclat

La prise de Panama est sûrement la plus impressionnante expédition terrestre menée par des Flibustiers.


Mauvaise habitude

Trahir ses associés. Après le raid sur Panama, il prend la fuite avec une grande partie butin...

Fin de carrière

Annobli, nommé Lieutenant Gouverneur de Jamaïque, il finit ses jours paisiblement entre sa maison de Port-Royal... Et les tavernes qu'il fréquente assidument.

Henry Morgan,

actif de 1635 à 1688