Le dernier documentaire de Roger Cantin (Matusalem, Simon les nuages, coscénariste de La Guerre des tuques) est une véritable rencontre, celle du chanteur innu Florent Vollant et du peintre berbère Yeschou, au Maroc. Chacun fait visiter à l'autre ses coutumes, ses racines, sa langue, son pays, son art. Le monde autochtone se recoupe à bien des égards, notamment sur le plan du nomadisme, de l'assimilation culturelle, de la complicité avec l'environnement. «J'origine d'hommes et de femmes libres. Sans liberté, je deviens fou», dit Vollant.


Il est frappant de voir qu'en une seule génération on ait migré de l'autosuffisance à la dépendance, de la langue innue au français, du nomadisme au sédentarisme. «On est passés de la raquette à l'Internet en une génération», commente encore le chanteur.


Je retiens également le rapport à l'argent dont il est question dans le film: «Il n'y avait pas d'argent dans le bois. Dans notre culture [innue], un homme n'est pas considéré riche par ce qu'il a mais par ce qu'il donne.» Sagesse millénaire en ces temps de disette mondiale.


Ni sauvage ni barbare poursuit une conversation d'un bout à l'autre du monde et nous fait entrevoir la fragilité des cultures minoritaires. La leur, la nôtre.


Le Devoir,   Josée Blanchette   2 mai 2008